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L’Algérie doit limiter davantage le torchage du gaz

La lutte contre le gaspillage devrait commencer par l’économie d’énergie, c’est-à-dire celle qui n’est pas consommée inutilement.  Le torchage du gaz est la perte d’une matière fossile non renouvelable. Dans le même temps, c’est une déperdition d’une masse d’argent

Le torchage du gaz ne suppose pas forcément une opération souhaitée par les opérateurs. Pour Saïd Beghoul, ancien directeur de l’amont pétrolier à Sonatrach- Exploration, «les quantités de gaz associé récupérées conjointement à la production de pétrole sont faibles et ne justifient pas l’investissement dans les infrastructures d’exploitations (gazoducs et usines de traitement), raison pour laquelle ce gaz est brûlé ». En effet, explique-t-il, «la recherche du gaz naturel n’a pas été un but en soi, mais une découverte encombrante à l’occasion des forages à objectif pétrolier ». L’expert précise qu’ « un gisement de pétrole contient toujours du gaz dissous (gaz associé) »

Selon Nazim Zouiouèche, ex-président directeur général de Sonatrach, et se basant sur des statistiques de la Banque Mondiale, « en 2017, le gaz torché en Algérie était de 8,8 milliards de m3 contre 9,1milliards de m3 en 2016 ». « Ce qui est quand même une baisse de 5% », affirme-t-il

  1. Beghoul expose également des chiffres avancés par la Banque Mondiale. « Elle travaille sur ce dossier depuis une vingtaine années. Le volume de gaz torché dans le monde en 2017 est estimé à 140 milliards de m3 dont 9 milliards m3 en Algérie », indique-t-il

A noter que «le torchage est prohibé par la loi algérienne en vigueur », rappelle M. Beghoul. Néanmoins, il précise que «des autorisations peuvent être accordées par l’agence Alnaft pour des durées déterminées moyennant le payement de 8 DA/ m3 »

Réinjection et récupération

Les moyens pour limiter le torchage ont certes évolué, mais les entreprises du secteur n’ont pas pu s’affranchir de cette solution. Pour Nazim Zouiouèche, « du gaz a été recomprimé en Algérie durant la décennie 1990. » Il affirme dans la foulée que « ce gaz, recomprimé à l’aide de compresseurs adéquats, peut être aisément réutilisé comme les autres gaz qui sont produits par les gisements ». Au bout de la chaîne, soutient M. Zouiouèche, « le gaz recomprimé permet de récupérer des GPL et des condensats produits recherches. Beaucoup de pays producteurs regagnent ces gaz, en particulier la Norvège et les Etats-Unis »

Sur le même registre, Saïd Begghoul indique que « pour éviter de torcher du gaz », celui-ci est « réinjecté dans les gisements anciens pour le maintien de la pression. Quant au gaz associé, il est récupéré pour être utilisé dans divers domaines. ».  A titre illustratif, il présente l’exemple de « la fraction lourde du GPL (mélange de butane et de propane) qui est st utilisé comme carburant pour véhicules (GPL-carburant) »

Enfin, en Algérie, «le torchage moyen était de 10 milliards de m3 par an entre 1974-1983 et de 6 milliards m3 par an à partir de 1983, soit un pourcentage de gaz associés torchés de 80 % en 1980 à 10% aujourd’hui », estime Saïd Beghoul. Il n’en demeure pas moins que « les chiffres relatifs au torchage de gaz restent  très élevés », observe Nazim Zouiouèche

La mise en place de plus importants moyens pour limiter drastiquement le recours au torchage de gaz devient nécessaire et urgent, au vu de la déplétion des gisements dits « traditionnels »

Mehdi Bsikri

Impacts sur l’environnement

Si le volume de gaz torché dans le monde a baissé de manière significative, la lutte contre le torchage doit s’accentuer, puisque cela ne relève pas seulement de raisons économiques ou financières

Outre « le gaspillage d’une source d’énergie », Saïd Beghoul explique qu’ « au moment où les volumes consommés sont difficilement régénérés », le gaz torché « est aussi une source d’émission de gaz à effet de serre (GES) ». En clair, soulève l’expert, « les 140 milliards m3 de gaz naturel brûlés à la torche ou rejetés chaque année représentent 4 % de la consommation mondiale ou 20 % de la consommation annuelle des États-Unis ». Nazim Zouiouèche, l’ex-PDG de Sonatrach, évoque pour sa part que « les impacts » du gaz torché « sont principalement le CO2 rejeté dans la nature et les pertes sèches en production ». « La Russie reste le pays qui brûle le plus, environ 20 milliards m3 par an », indique-t-il

M. B.

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